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Sexe, Mensonges & Hollywood de Peter Biskind

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Pour une poignée de (millions) de dollars

L’histoire : Le cinéma indépendant américain. Ses acteurs, son système, ses films, ses festivals. Et puis ses figures de proue, surtout. D’un côté, le festival de Sundance, bébé de Robert Redford, rendez-vous incontournable de la scène indépendante. De l’autre Miramax, petite boîte de production devenue grande sous l’impulsion des frères Bob et Harvey Weinstein.

Mon avis : Disons-le tout de go : Sexe, mensonges & Hollywood est un livre difficile d’accès. Voire difficile tout court. L’auteur nous promet ici beaucoup (trop ?) de choses : un cours d’histoire sur le cinéma indépendant (en détaillant le système financier du milieu, en fouillant l’histoire tumultueuse de Sundance et de Miramax), mais aussi les portraits cinglants d’icônes (le lunatisme de Robert Redford, le train de vie cancérigène de Harvey) et des anecdotes people croustillantes, bien sûr.

Alors les promesses ont-elles été tenues ? Oui et non. Oui, en refermant le livre on se sent plus cultivé. On a le crâne bourré à ras bord de connaissances sur le développement de cette branche du cinéma américain. On comprend mieux la puissance et l’influence du duo Weinstein. Non, car la forme est tellement répétitive et écrasante, qu’on a l’impression de lire la même chose du début à la fin. La plume est précise mais engourdie. Où est l’écriture resserrée et incisive de l’ex-rédacteur en chef du Première américain ? L’auteur reste coincé dans un exercice d’investigation feint. Pourquoi ?  Puisque dès le début le mot de la fin est refourgué grossièrement au lecteur : Harvey Weinstein est (était ?) un dictateur et le cinéma indépendant est avant tout une histoire de fric avant d’être une histoire d’amour de l’art. Aucun doute là-dessus, puisque l’auteur enfile – sans relâche – les même témoignages cuisants. Le livre connaît néanmoins quelques respirations passionnantes (l’histoire attachante du film Will Hunting, le portrait implacable de Quentin Tarantino).

Bref, Peter Biskind aurait pu nous en apprendre beaucoup plus s’il n’avait pas mâchouillé sa conclusion pendant 800 pages. Dommage.

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Pour qui ?

– Pour les professionnels du milieu du cinéma, les étudiants dans le domaine de la production.

– Pour les lecteurs intéressés par le business, la dimension financière du secteur indépendant.

 

Points forts :

– Un rapport qualité/prix imbattable. Un pavé d’une petite dizaine d’euros qui dure facile un mois.

– Une investigation à première vue très fouillée, riche en chiffres et en témoignages.

– Une lecture culturelle : la sensation plaisante d’en savoir plus après avoir refermé le bouquin.

– Ce livre permet de (re)découvrir les vieux films qui ont marqué l’histoire.

Points faibles :

– Indigeste sur la forme (écriture assez petite et surtout archi serrée !) comme sur le fond (très répétitif).

– Une écriture redondante et très sèche.

 

Un conseil :

N’achetez pas ce livre en espérant des ragots ou encore des anecdotes légères sur les stars du cinéma indépendant (Matt Damon, Uma Thurman, Gwyneth Paltrow…). Ce livre se lit plus pour la culture que pour le plaisir. A alterner avec un bon roman.