SF

Sans un bruit


De : John Krasinski
Avec : John Krasinski, Emily Blunt, Millicent Simmonds
2018

Dans un futur proche, la population vit éparse, calfeutrée, dans la crainte permanente de… faire du bruit. Car des créatures redoutables ont envahi la planète, et autant dire qu’elles font mordre la poussière à quiconque éternue un peu trop fort. Dans cet enfer de chaque instant, une famille tente de vivre sa vie.

Sans un bruit fait partie de ces films de monstres que l’on prend plaisir à découvrir sans brief ni teasing, pour ménager au maximum une certaine jouissance de l’effet de surprise. En ce sens, la séquence d’ouverture fait parfaitement le job dans cette mise en scène de l’attente anxiogène « que quelque chose se passe ». La photographie, de premier ordre, ne se limite pas pour une fois au clair-obscur des films du genre, offrant, tour à tour, une lumière bucolique et ardente. Mais ce qui permet au premier « film d’horreur » de John Krasinski de tirer son épingle du jeu c’est son écriture.
Si les grandes lignes de l’histoire restent basiques, c’est bien le microcosme développé autour de la problématique « comment peut-on vivre au quotidien sans faire le moindre bruit ? » qui fascine. Comment manger sans émettre (trop) de son ? Comment marcher sur du parquet sans qu’il grince ? En cela, la mise en scène, jamais bourrine, jamais simpliste, fait la part belle aux trouvailles. Et le plaisir (enfin !) d’avoir affaire à des personnages pas trop stupides. Ce qui, au regard de la caste cinématographique à laquelle appartient Sans un bruit, relève du vrai miracle.

Anecdote : à la base, le scénario signé Bryan Woods et Scott Beck contenait seulement une ligne de dialogue.






Passengers


De : Morten Tyldum
Avec : Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Lawrence Fishburne
2016

Jim (Chris Pratt), jeune mécanicien embarqué à bord du vaisseau Starship Avalon, se réveille brutalement de son hibernation programmé. Seulement voilà, il est le seul parmi les 5 000 autres passagers à s’être réveillé avant l’arrivée, prévue dans… 90 ans.

Loin des habituels films de SF saturés de bestioles visqueuses et de scientifiques perfides, Passengers tire son épingle du jeu de par l’exposition de son dilemme éthique (no spoiler) présenté dès les premières minutes. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller par instinct de survie ?  La peur de la solitude force-t-elle l’égoïsme ? Autour de questions clés, Morten Tyldum érige une romance-survival bien rythmée, développée dans un cadre futuriste assez orgasmique (on appréciera les détails technologiques du vaisseau de croisière). Un script plutôt solide, barbouillé, hélas, par des acteurs brouillons (l’irruption artificielle de Lawrence Fishburne frise le grotesque) et une mise en scène sans éclat.

Videodrome

disque-videodrome37

De : David Cronenberg
Avec : James Woods,  Sonja Smits, Deborah Harry
1983

Max (James Woods) est le directeur controversé d’une petite chaîne de télévision spécialisée dans la violence et la pornographie. Alors qu’il est invité sur le plateau d’une émission, Max rencontre Nicki (Deborah Harry), une journaliste ambiguë. Ensemble ils découvrent  par hasard un soir Videodrome, un programme télévisuel d’une violence inouïe et bien trop réelle. Mais d’où vient ce programme ? Et puis surtout qui tire les ficelles ?

Videodrome explore un thème aujourd’hui encore très en vogue : la technologie comme menace à la vie d’autrui. Dans la lignée de Poltergeist de Tobe Hooper (sorti 1 an auparavant), David Cronenberg mêle SF et épouvante dans un style visuel très nanar. Hélas en 2014 difficile de regarder avec crédit ces deux films tant les effets spéciaux ont mal vieillis. Il faut dire que le visage peu expressif de James Woods n’est pas d’un très grand secours. Reste cette noirceur psychologique qui colle à la filmo du cinéaste. Entêtante et glacée.

 Le petit plus : le personnage de Nicki, joué par Deborah Harry, chanteuse mythique du groupe Blondie.